vendredi 18 mai 2012

"Les trois mousquetons : L'expé"

« On a combien à l’altimètre ? » demande Gégé. Après avoir secoué la fine pellicule de givre qui recouvre son duvet et sorti un boîtier métallique de dessous plusieurs couches de vêtements, Claude répond : « Plus ou moins 6300 mètres.
– Tu vois, je n’imaginais pas qu’on puisse autant s’emmerder à 6300 mètres d’altitude. »
Trois jours d’immobilité sous la tente avaient transformé la section d’assaut de l’équipe des Français en un ramassis de vauriens contrariés et maussades. L’image du sommet s’était racornie à celle d’un indiscernable repli de terrain à la surface du globe, relief infécond et dérisoire. Descendre le plus loin possible de cette taupinière inhospitalière. Retrouver le camp de base, la tente collective, ses chants, Dina, Irina, Sérafim, le réfectoire et ses patates bouillies, leur apparaissait désormais comme le seul horizon enviable. La montagne, sans le rêve, n’est qu’une géologie abstraite et périlleuse.

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